04 novembre 2006

Pierre François PERCY

Le père des chirurgiens militaires…


Il naît à Montagney, en Haute-Saône, le 28 octobre 1754, au milieu du Siècle des Lumières. Son père est un humble chirurgien de village. Il étudie au collège, puis fait des études de médecine à Besançon et est reçu Docteur en 1775. Ce garçon courageux et brillant va alors connaître une destinée sans précédent.

Il monte à Paris et, sous le règne de Louis XVI, devient chirurgien major du régiment de Berry-Cavalerie en 1782, puis membre de l’Académie de Chirurgie. Sous la Première République, il est un des trois premiers officiers de santé en chef de l’Hôpital d'instruction militaire du Val de Grâce. Il est également le Chirurgien-chef des armées de la Moselle, de Sambre-et-Meuse et du Rhin. Sous le Consulat, en 1803, il est nommé Inspecteur général du Service de Santé des Armées et se retrouve au camp de Boulogne comme Chirurgien-chef de la Grande Armée destinée à envahir l’Angleterre. Il fait presque toutes les campagnes de l'Empire et est notamment présent à Austerlitz, Iéna, Friedland, puis en Espagne. Sa force athlétique peu commune n’est altérée ni par les excès de fatigue de la guerre, ni par le poids d’un service écrasant. En 1804, il reçoit la Croix d’Officier de la Légion d’Honneur avec Desgenettes et Dominique Larrey, son ami et concurrent en notoriété. En 1808, il est immortalisé en train de secourir un hussard russe dans le tableau d’Antoine Jean Gros représentant Napoléon visitant le champs de la terrible bataille d’Eylau (musée du Louvre). Lors de cette bataille, il s’alarme devant le tableau de soldats blessés : « Des jambes, cuisses et bras coupés, gelés avec les corps morts devant la porte ; des chirurgiens couverts de sang ; des infortunés ayant à peine de la paille pour eux et grelottant de froid ! Pas un verre d'eau à leur donner ; rien pour les couvrir ; le vent soufflant de toutes parts » et s’efforce d’améliorer leurs conditions de vie. Ses états de service lui valent d’être promu Commandeur de la Légion d'Honneur et il est fait baron de l'Empire en 1809 après la bataille de Wagram.


Il imagine d'heureuses innovations visant à procurer de prompts secours aux blessés. En particulier, il conçoit des voitures particulières, les « Wursts », constituées d’un caisson d’artillerie comparable à une saucisse et attelé de six chevaux sur lequel des chirurgiens et des infirmiers installés à califourchon peuvent être transportés au plus près de la ligne de feu avec du matériel de secours. Le Général Lecourbe le félicite pour ce corps de « chirurgie mobile » mais ce matériel peu commode ne permet pas l’évacuation des blessés si bien qu’il sera assez vite abandonné. Pierre François Percy propose également la création d'un corps indépendant de chirurgiens des armées, d'une compagnie d'infirmiers et d'un bataillon d'équipage militaire d'ambulances. Le principe de ce bataillon est admis mais l'administration ne permettra la création d'un corps infirmier qu'en 1809. Le premier aussi, il a l’idée d’un corps de santé indépendant, neutre et inviolable (mais c’est Henri Dunant qui créera la Croix-Rouge en 1863). Enfin, on lui doit, entre autres écrits, le « Manuel du chirurgien d'armée », la « Pyrotechnie chirurgicale » ou « l'Art d'appliquer le feu en chirurgie ».



A partir de 1809, pendant les dernières guerres de l'Empire, fatigué et malade, il se consacre à son poste de Professeur à la Faculté de Médecine où ses cours sont prisés par nombre d’étudiants assidus. Rétabli pendant la campagne de France, en 1814, il sauve plus de 10 000 blessés en réquisitionnant les abattoirs de Paris pour les transformer en hôpital. Mal vu pour s'être rallié à Napoléon durant les Cent-Jours, il est destitué et mis à la retraite en 1815 lors de la seconde restauration des Bourbons. Il est cependant nommé membre honoraire de la section de chirurgie de l’Académie de Médecine en 1820 et préside à l’Académie des Sciences en 1821.

Il meurt à Paris, le 18 février 1825, à l’âge de 70 ans, d’une probable insuffisance cardiaque. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise. Le nom de ce chirurgien d’exception est gravé sur l’Arc de Triomphe de l'Etoile à côté de ceux de Larrey et de Desgenettes. Son nom est également resté à l’Hôpital d'instruction des armées de Clamart dans les Hauts de Seine.