06 novembre 2006

François BROUSSAIS

Le forban de la Médecine…


Il naît à Saint-Malo le 17 décembre 1772. Il est le fils d’un officier de santé. Il fait ses études au collège des Cordeliers de Dinan où il est le condisciple de Chateaubriand. Dans le sillage paternel, il commence sa médecine à Saint-Malo et la poursuit à l’hôpital maritime de Brest. Il devient chirurgien de navires corsaires et fait la guerre de course pendant quelques années. Il croise notamment le chemin du fameux Robert Surcouf. Il se singularise déjà par sa carrure athlétique et son courage mais aussi par son caractère violent et querelleur.


Vers 1799, il monte à Paris pour finir ses études et acquérir son titre de Docteur. La médecine française est alors en pleine effervescence. Il est ainsi l’élève admiratif de Jean Nicolas Corvisart et de Xavier Bichat et, en 1803, soutient une thèse dédiée à Philippe Pinel. Cependant, ses débuts de praticien parisien ne répondent pas à ses attentes. Il s’engage donc dans la Grande Armée napoléonienne et parcourt l’Europe. Il se distingue notamment à Austerlitz, en 1805, où il sert sous les ordres de Dominique Larrey. Après l’abdication de Napoléon, il rentre en France et est nommé Professeur au Val de Grâce. Il accède enfin, vers 1831, sous la monarchie de juillet, à une Chaire de Pathologie et de Thérapeutique de la Faculté de Médecine de Paris.


Cet aventurier haut en couleurs et à l’âme bien trempée, ce libre penseur ne manquant pas d’un certain panache, ce tribun enthousiaste et inlassable devient alors une sommité médicale de son temps. Ses cours particuliers de l'amphithéâtre de la rue du Foin ont un immense succès. Il écrit de nombreux livres et fonde les Annales de Médecine Physiologique. Il a ainsi tout loisir de répandre ses idées. Il rejette notamment (et à juste titre) les théories des systématiciens de l’Ancien Régime (« Examen de la doctrine médicale généralement adoptée » en 1816 et « Examen des doctrines médicales et des systèmes de nosologie » de 1821). Toutefois, ce provocateur un peu vaniteux et mégalomane compromet aussi son jugement médical en maintes circonstances et avec quelque mauvaise foi. Par exemple, il sous-estime et raille avec virulence le révolutionnaire « Traité de l’auscultation médiate » de Théophile René Laënnec alors qu’il s’agit pourtant de la plus riche nosologie jamais publiée sur l’auscultation respiratoire. Il pense que toutes les maladies résultent d’une « surirritation » du tube digestif (probablement en raison de la grande fréquence des lésions intestinales qu’il a constatées lors des autopsies réalisées à cette époque de grande prévalence de fièvre typhoïde). Il explique ainsi que « celui qui ne sait pas diriger l’irritabilité de l’estomac ne saura jamais traiter aucune maladie ». Il s’oppose farouchement au concept naissant de spécificité des organes et prône une doctrine sommaire selon laquelle toutes les pathologies ne sont qu’autant de formes particulières d’une « inflammation » non guérie (« Histoire des phlegmasies ou inflammations chroniques » de 1808). Il préconise un traitement tout aussi simpliste de cette « inflammation » par des saignées et des sangsues dont on se met, sous son influence, à importer une quantité considérable en France. Il propose notamment leur utilisation large lors de l’épidémie de choléra de 1832 (Robert Koch n’identifiera le vibrion qu’en 1884) et se heurte au rédacteur en chef de la Gazette Médicale de Paris, Jules Guérin, qui a eu le malheur de protester. De fait, il finit par susciter de vives oppositions et les mauvaises langues diront que si « Napoléon décima la France, Broussais la saigna à blanc »…


Il meurt d’un cancer du rectum, le 17 novembre 1838, à l’âge de 65 ans, en abaissant sur ses yeux « d’une main épuisée mais appliquée (…) le voile des paupières et de la nuit ». Il laissera son nom, entre autres, à un hôpital du quatorzième arrondissement parisien. Pour le reste, force est d’admettre qu’il ne reste rien de son œuvre…

1 Comments:

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01:59

 

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